Josyane Roduit-Gaudin au Château de Venthône 18 février – 12 mars 2017

Abstractions de paysages ou Parcours de vie ?

 

A Némiaz au-dessus de Chamoson, où les architectes Savioz et Fabrizzi ont construit pour Michel et Josyane Roduit, la célèbre maison minérale, l’artiste dispose d’un vaste atelier avec vue panoramique sur les Grands Muverans. Elle dit : << Je me sens obligée de peindre la montagne.>> Paysage d’hiver où la neige surligne la structure des parois rocheuses, géométrie des parchets de vignes en terrasses…

 

…Ces émotions, ces sensations, ces découvertes sont évidemment inspirantes :<<Je peins à chaque fois une histoire qui me rappelle les sentiments que j’éprouvais lors de mes voyages. Mes tableaux évoquent la réalité sans la décrire… ce sont des abstractions de paysages.>> Ici, le regard plonge dans la brune lumineuse d’un espace marin : ciel infini, touches bleu de Prusse pour évoquer les eaux profonds de l’océan. Là, il se délecte des lueurs d’un jaune indien qu’allume le fragment d’une feuille d’or.

 

La peintre construit, par larges touches, des plans qui s’interpénètrent et se fondent dans un ample mouvement. Elle structure la matière picturale avec de la poudre d’albâtre ou du sable, intervient avec du fusain et de l’encre, emploie l’huile et l’acryl. Elle utilise une panoplie de brosses et d’outils, parmi lesquels de généreux pinceaux de poils de loup rapportés de Chine où elle a observé des artistes au travail, et des spatules en corne de buffle provenant de Birmanie. L’énergie du geste anime un espace parcouru de failles et strié d’aspérités. Des paysages ? Peut-être un parcours de vie avec ses événements fortuits, des blessures et des joies intimes ? Elle dit :<< Il y a plusieurs lectures du même tableau.>> Apparaissent parfois des présences furtives, une figure humaine, silhouette sombre à l’attitude pensive, autoportrait de l’artiste en son atelier ?

 

A son activité de peintre, Josyane Roduit-Gaudin ajoute celle de sculpteur. Et son nées en autres, ces<< femmes-montagnes>>, l’une en albâtre lumineux et l’autre sombre en bronze, formes au galbe pur et aux arêtes vives, complémentaires somme le symbole du Yin et du Yang.

 

Le regard toujours à l’affût de l’artiste s’est posé, lors d’une dégustation dans une cave de Chamoson, sur des filtres à vin usagés. Fascinée par les nuances des dépôts des différents cépages : fendant, johannisberg, pinot, merlot, syrah… elle s’est saisie de ces petits formats carrés en cellulose pour y inscrire une calligraphie spontanée.

 

La globe-trotter nous fait déguster, à sa manière, les spécialités du terroir….

 

 

                                                                                                       Source du texte F. de Preux